samedi 15 août 2015

Des organisations haïtiennes contre la décision de la Junte Centrale Electorale dominicaine de dénationaliser l’avocat dominicain Manuel de Jesús Dandre, appelle les organismes régionaux dont la CARICOM, l’OEA et l’ONU à empêcher le République dominicaine de commetre ce nouvel acte de xénophobie


15 août 2015- Nous, représentant(e)s d’associations et d’organisations de la société civile d’Haïti, œuvrant pour le droit, la justice et le respect des droits humains, condamnons énergiquement la mesure prise par la Junte Centrale Electorale dominicaine (JCE) de dénationaliser Manuel de Jesús Dandre, avocat, militant et défenseur des droits humains notamment ceux des migrant (e)s haïtiens en République Dominicaine.

Agé de 55 ans, Me Manuel de Jesús Dandre est actuellement responsable des affaires juridiques au  sein du Mouvement Socio-Culturel des Travailleurs Haïtiens (MOSCTHA) et membre du Réseau Jacques Viau. Dans le cadre de ses responsabilités, il a participé en tant qu’avocat à divers procès relatifs à la défense des droits des migrant(e)s haïtiens et des Dominicain(e)s dénationalisés dont Julia Deguis Pierre.  En 2012, il a joué le rôle d’interprète au procès du massacre de Guayubin tenu devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme à San Jose, Costa Rica. Il est aussi  le père des enfants de Sonia Pierre,  la célèbre militante de droits humains de regrettée mémoire. 
      
Le 30 juillet 2015, Me De Jesús Dandre s’était rendu à une annexe de la Junte Centrale Electorale dominicaine (JCE) pour une correction relative à une erreur matérielle constatée dans son acte de naissance. Une fois arrivé, une réceptionniste lui a conseillé de se diriger au bureau central pour un cas de pratique routinière qui aurait pu être résolu sur place.  Selon l’information qui lui a été transmise par la JCE, il n’a plus accès à son acte de naissance en raison de son origine haïtienne.

Signalons que Me De Jesús Dandre n’a jamais été confronté à des difficultés pour exercer sa profession d’avocat en tant que citoyen dominicain.

Cette situation  à laquelle fait face le militant dominicain des droits de migrant(e)s haïtiens est la conséquence de l’arrêt raciste et arbitraire de la Cour constitutionnel dominicain qui avait rendu apatrides des centaines de milliers de Dominicains d’ascendance étrangère, le 23 septembre 2013.

Dans un élan de solidarité, nous représentant(e)s d’associations et d’organisations de la société civile d’Haïti, voulons exprimer notre inquiétude et notre indignation par rapport à cet acte absurde et arbitraire infligé au citoyen dominicain, Manuel de Jesús Dandre. Cette flagrante violation du droit à la nationalité survient dans un contexte où les autorités dominicaines utilisent tous les moyens y compris l’ embauche de lobbyistes internationaux pour se défendre des accusations de pousser vers l’apatridie des milliers de citoyens d’ origine haïtienne dans un contexte de remontée de la xénophobie et de l’ antihaïtianisme. 

Face à cet acte de xénophobie,  nous appelons les organisations de droits humains du monde entier, les organisations internationales, les organismes régionaux  dont la CARICOM, l’OEA et l’ONU ainsi que les Etats membres de ces structures pris séparément à :

1.      apporter leur solidarité à Manuel  de Jesús Dandre,  à toutes les autres victimes de l’Arrêt TC 168/13 ainsi qu’aux migrant(e)s haïtiens qui continuent d’être l’objet de violations de droit de la personne en République Dominicaine ;
2.      prendre toutes les mesures qui s’imposent pour porter l’Etat dominicain à surseoir à sa politique de racisme et d’anti-haïtianisme ;
3.       exiger de l’Etat dominicain le respect des Conventions et Traités relatifs aux droits de l’Homme.

Les organisations signatairs sont le GARR, Zile, Réseau Frontalier Jeannot Succès et le Service Jésuite aux Migrants (SJM-Haïti).

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