vendredi 22 janvier 2016


Haïti fonce droit vers l'hécatombe avec une "pseudo élection présidentielle" rejetée par la quasi-totalité des secteurs du pays, mais avec le support étrange d'un secteur influent de la communauté internationale

Port-au-Prince, le 21 janvier 2016 – (AHP) – Plus rien ne semble pouvoir  arrêter le président Michel Martelly dans son obstination à organiser un  second tour de  présidentielle le 24 janvier, en dépit de toutes les contestations et des appels au report, d'origine diverse, notamment les eglsies, les organisations de droits humains, les organisations locales d'observation électorale et une frange importante du secteur des affaires.

Etrangement, les autorités n'ont pratiquement comme soutiens dans cette voie qui semble mener droit vers l'hecatombe, que des secteurs de la communauté internationale et les partisans du parti officiel PHTK.

Ce jeudi, lors d’une interview sur Radio-télé métropole, en compagnie du premier ministre Evans Paul et du ministre chargé des questions électorales Jean-Fritz Jean-Louis, le président Michel Martelly a indiqué que le matériel électoral en train d’être déployé dans les  régions,  ne peut pas rebrousser chemin

Michel Martelly qui tente de se donner bonne conscience, a dénoncé ce qu’il appelle la mauvaise foi de certains interlocuteurs, faisant savoir  que si une meilleure proposition était faite lors des discussions autour de la crise électorale, le scrutin de dimanche serait déjà renvoyé.

Selon des sources, le chef de l'Etat souhaiterait une prolongation de son mandat au-delà du 7 février, pourqu'il puisse être quand même en mesure  d'organiser le second tour reporté.

Mais l'opposition souhaite qu'il parte  à la date constitutionnelle du 7 fevrier, pour  qu'un gouvernement provisoire organise des élections dans les 90 jours, estimant qu'aucune élection honnête ne peut être tenue avec le président Martelly

Reprenant l'argumantation de certains secteurs étrangers, le chef de l'Etat a indiqué que   la communauté internationale n’a aucune intention de collaborrer avec un gouvernement de transition, estimant que cela équivaudrait à une demande d'embargo sur le pays.

Pour le président Martelly, ceux qui veulent l’instauration d’un gouvernement de transition sont ceux qui n'ont pu gagner les dernières élections, au regard, a-t-il dit, de leur score, oubliant de rappeler  que ces élections s'étaient révélées  truffées de fraudes et d'irrégulaités, à partir d'un pourcentage important de  procès-verbaux évalués, en deux occasions, une première fois par des techniciens de Fanmi Lavalas et une deuxième fois par des personalités que le president  a  choisies  lui-même, dans le cadre d'une commission d'évaluation dite indépendante.

Pour tenter de contrer la fronde contre l'imposition d'elections qui s'annoncent déjà comme une mascarade, avcc un seul candidat ( celui du pouvoir en place) le premier ministre Evans Paul a averti qu’aucune forme de manifestation ne sera tolérée le jour du scrutin, alors que l’opposition a annoncé quatre journées consécutives de manifestation, à compter de ce vendredi.

"Il faut que la journée de dimanche se déroule dans un climat serein", a menacé le chef de la primature qui a a annoncé du coup l'annulation  des  festivités pré-carnavalesques ce 24 janvier.

Evans Paul qui parle dans le même temps de compromis politique, dit rejeter  toute idée de capitulation.

Réagissant à l'annonce des organisations d'observation électorale qui ont fait savoir qu'il n'y a rien à superviser le 24 juanvier,  M. Paul a dit quer l'observation n'est pas indispensable, bien que  prévue par le décret électoral.

De son côté, le ministre chargé des questions électorales, Jean-Fritz Jean-Louis, reprenant les propos de la conseillère électorale, Marie Carmel Lucie  Paul Austin, a laissé entendre que le candidat à la présidence de la ligue alternative pour l’émancipation et le progrès d’Haïti Jude Célestin ne peut plus faire le retrait de sa candidature.

Il a évoqué les articles 43.1 et 99 du décret électoral, selon lesquels, l’acte de désistement doit se faire dans un délai de 72 heures, après la confirmation du candidat sur la liste des compétiteurs.

Jean-Fritz Jean-Louis a tenté de rassurer que, du point de vue technique et administratif, le CEP est prêt pour le scrutin de dimanche, rappelant que les opérations de rapprochement du matériel sensible et non sensible vers les centres de vote, a commencé depuis mardi.

Pour plusieurs anciens présidents ou  cadres de CEP, en dehors du caractère anti-démocratique, arbitraire et anti-peuple de ce qui se prépare pour le 24 jaqnvier, il n'y a aucune élection sérieuse qui peut se faire dans ce délai.

En effet, c'est la grande indifférence à 3 jours de la date fixée. Rien à voir avec l'ambiance qui a prévalu à la veille du premier tour de la présidentielle que la population espérait libre, honnête et démocratique.

De son côté, la police nationale d’Haïti se dit prête à assurer l’ordre et la sécurité publique pendant la journée électorale du 24 janvier et appelle à la collaboration des citoyens.

Le porte-parole adjoint de l’institution policière, Garry Desrosiers, a indiqué que l’ensemble des 12 mille agents de la PNH  et  le personnel administratif de l’institution policière sont mobilisés pour le scrutin de dimanche.

L’officier de police a aussi fait savoir que le déploiement en renforts d’environ 2000 policiers dont des agents d’unités spécialisés dans les villes de province, est actuellement en cours. Il a informé que  300 membres du CIMO, corps d’intervention et de maintien d’ordre, ont été déployés en région.

Garry Desrosiers rappelle que (dans le cadre de cette "élection" sans compétition) du samedi 23 janvier à 9 heures du soir, au lundi 25 à 8 heures du matin, les permis de port-d’armes seront révoqués, les discothèques devront rester fermées et que la vente de gazoline dans des récipients sera interdite de même que celle de boissons alcoolisées.

L'opposition quant à elle, maintient ses journées de manifestation, de vendredi à lundi. Elle appelle les citoyens  à rester loin des bureaux de votes, puisqu'ils n'ont rien à voir avec la  parodie électorale.

Des appels se multiplient  à l'endroit des conseillers électoraux restants. Des critiques aussi se multiplient contre ces derniers dans les médias, notamment Lourdes Edith Joseph de la CNEH, Pierre Manigat Junior de la presse, Marie Carmel Paul Austin de l'Université, Jaccéus Joseph du secteur des droits humais accusé lui-même de souffler le chaud et le froid. et Yolette Mengual du secteur Femmes.

 Plus d'une vingtaine  d'organisations de femmesont exigé jeudi de Yolette Mengual qu'elle quitte  le CEP.

Accusée de corruption, Yolette Mengual avait annoncé la semaine dernière qu'elle se retirait provisoirement, le temps de se battre contre ses accusateurs.

Des personalités étrangères, particulièrement  américaines et ds Haïtiens-Américains ont écrit au secretaire d'Etat John Kerry pour lui demander d'arrêter la mascarade en préparation en Haiti, qui ne peut que jeter le pays dans plus d'instabilité et plus d'incertitude.

La representante démocrate  américaine Maxine Waters, (Californie), dans une lettre  jeudi au secrétaire d'Etat américain John Kerry, a exprimé de profondes inquiétudes sur le processus électoral.

En imposant des  élections entâchées de fraudes et d'irrégularités au peuple haïtien, on risque de plonger Haïti dans la  catastrophe," a-t-elle fait savoir, ajoutant que  c'est un discrédit aussi pour les États-Unis.

La conférence des Evêques D’Haïti a dit prendre acte jeudi de la décision de l’Exécutif et du CEP d’aller vers des élections le 24 janvier, alors que, selon elle, les conditions nécessaires à la tenue de bonnes élections, ne sont pas réunies, d’autant que les recommandations de la commission d’évaluation électorale, n’ont pas été suivies.

Pour la CEH, le fait de s’obstiner à réaliser des élections le  24 janvier et refuser de chercher un accord favorable, ne fera qu’aggraver la crise électorale sur le long terme.

La conférence des évêques haïtiens invite l’Exécutif, le CEP ainsi que les autres acteurs impliqués dans ces élections à faire preuve de sagesse, de perspicacité et de capacité de dialogue, en vue de parvenir à une solution acceptable et durable en faveur du peuple haïtien et dans le plus bref délai.

Le sénat a voté mecredi soir d’une résolution réclamant entre autres  le report des élections de dimanche, la démission des conseillers électoraux accusés de corruption et la formation d’une commission parlementaire pour enquêter sur les élections de 2015. 

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