lundi 31 juillet 2017

Les ouvriers de la sous-traitance auraient fait l'objet de menaces de révocation et auraient été enivrés de promesses, pour ne pas participer à manifestation pour dénoncer le salaire minimum à 350 gourdes: les syndicats denoncent ces pratiques et évoquent d'autres stratégies pour faire respecter leurs revenications



Port-au-Prince, le 31 juillet 2017 - (AHP) Contrairement a ce qui avait été annoncé, les ouvriers de la sous-traitance, n'ont pu organiser ce lundi la manifestation qui était prévue pour dénoncer la fixation par le président Jovenel Moïse, du salaire minimum à 350 gourdes, alors qu'ils en réclamaient 800.

Si la plupart des chefs de file du mouvement syndicale étaient présents très tôt ce lundi a l'entrée  de la société nationale des parcs industriels SONAPI, un grand nombre d'ouvriers ont été retenus dans les usines.

Selon le porte-parole du syndicat  de Plasit-Bo, Télémarque Pierre,  c'est à coups de menaces de révocations mais également de promesses que les patrons ont retenu les ouvriers pour les dissuader de prendre part a la manifestationde  ce lundi.

Le syndicaliste affirme que ses camarades font face régulièrement à des pressions  outrance dans les usines de la sous-traitance. Il fait remarquer que l'imposant dispositif de sécurité qui a été mis en place ce lundi a l'entrée de la SONAPI, témoigne du degré d'insouciance des patrons des usines.

La coordonnatrice de Batay Ouvriyè, Yannick Etienne, a fait valoir la nécessité pour les ouvriers protestataires de revoir leurs stratégies de lutte. Nous n'avons pas que les manifestations de rue comme arme de combat, a-t-elle dit, confiante que la victoire sera dans le camp des ouvriers.

"Nous resterons mobilisés jusqu'à ce que nos revendications soient satisfaites, a assuré Yannick Etienne qui continue d'exiger un salaire minimum de 800 gourdes, des mesures d'accompagnement, la réintégration des ouvriers récemment mis a pied pour leur participation aux mouvements de protestation  et le renvoi de deux membres du CSS qui, dit-elle, prétendent représenter les ouvriers, tout en état des pions du patronat.

Le président de la commission "Affaires sociales" du sénat, Antonio Chéramy a vivement critiqué la décision du président Jovenel Moise de fixer le salaire minimum a 350 gourdes, soit 15 gourdes de plus que les 335 adoptées par le CSS et rejetées par l'ensemble de la classe ouvrière.

Il rappelle que déjà, en avril dernier, alors que le taux d'inflation était de 14.29%, les ouvriers du textile avaient rejeté la proposition du CSS de fixer le plus bas salaire a 350 gourdes. 

Aujourd'hui, pour un taux d'inflation frôlant la barre de 16% et après une augmentation substantielle des prix de l'essence à la pompe, décidée par l'Exécutif, le parlementaire dit voir très mal comment un ouvrier arrivera à subvenir a ses besoins avec un salaire de 350 gourdes par jour.

Le député Abel Descolines désapprouve lui aussi la décision du président Moise de fixer le salaire minimum a 350 gourdes. Il invite les ouvriers de la sous-traitance à rester mobilisés de manière pacifique jusqu'a ce que leurs revendications soient satisfaites.

Il estime que le chef de l'Etat ne s'est pas encore mis dans la peau de président de tous les haïtiens. Au contraire, dit-il, il prouve qu'il est l'otage d'un groupe économique.

S'exprimant sur le dossier du salaire minimum, le ministre des affaires sociales Roosevelt Bellevue, a naturellement affirmé que la décision du président Moise est de nature à maintenir les emplois dans le secteur de la sous-traitance, donner des garanties aux investisseurs, tout en assurant la compétitivité du pays.

Tout ne se joue pas sur le dossier du salaire minimum, a-t-il dit.

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