dimanche 24 septembre 2017

Le flou a persisté tout le week-end sur la suite à donner au mot-d'ordre de grève lancé pour les lundi 25 et mardi 26 septembre en vue de dénoncer la promulgation du budget 2017-2018: en tout cas, deux nouvelles manifestations annoncées pour les jeudi 28 et vendredi 29 septembre


Port-au-Prince, le 24 septembre 2017 - (AHP) - Le secteur syndical semble divisé sur la suite a donner au mot-d'ordre de grève lancé pour les lundi 25 et mardi 26 septembre en vue de dénoncer la promulgation du budget 2017-2018.

Si certains responsables d'organisations du transport en commun ont annoncé un report à huitaine de la grève, d'autres acteurs dont des hommes politiques et des syndicalistes qui avaient adhéré au mot-d'ordre, ont invité la population à rester chez elle car, ont-ils dit, la grève est maintenue.

Le président de l'association des propriétaires et chauffeurs d'Haiti (APCH), Changeux Méhu qui n'a pas toujours inspiré confiance à tort ou à raison, a indiqué samedi, que suite a une réunion organisée la veille, il a été décidé de reporter la grève à huitaine, en raison des inondations enregistrées dans les départements du nord, du nord-ouest et de l'Artibonite suite au passage de la tempête Maria.

Ce report serait, selon lui, un témoignage de  solidarité avec les victimes d'inondation. Il affirme que les revendications n'ont pas changé et que la grève reportée au lundi 2 et mardi 3 octobre, vise à contraindre les autorités a renoncer aux augmentations des frais à payer pour l'obtention d'un permis de conduire, le matricule fiscal et regler les contraventions.

Jacques Anderson Desroches du mouvement unifié des transporteurs haïtiens abonde dans le même sens. 

La grève est reportée aux 2 et 3 octobre, a indiqué le syndicaliste, invitant la population à la désobéissance civile pour ne pas payer les nouvelles taxes prévues dans la loi de finances, adoptée par le parlement et publiée par l'exécutif.

Mais le président du monde syndical haïtien, Carlo Napoléon est contre l'idée de reporter la grève. Les raisons pour lesquelles le mot-d'ordre a été lancé n'ont pas changé et je ne vois pas pourquoi on devrait faire machine arrière, a martelé le syndicaliste.

La grève du 18 septembre dernier avait été un succès parce que la population l'avait largement appuyée, a rappelé le syndicaliste qui invite les citoyens à faire le même exercice et a rester chez eux les lundi 25 et mardi 26 septembre.

S'il y a des gens qui, suite a des négociations opaques avec le gouvernement, décident de reculer, c'est leur affaire mais la grève est maintenue, a indiqué Napoléon qui rappelle qu'après le mouvement du 18 septembre, au lieu de reculer, le gouvernement n'avait fait que provoquer la population en publiant le budget dans le Moniteur.

Le coordonnateur de PITIT Dessalines, Jean-Charles Moise qui avait lui aussi adhéré au mot-d'ordre de grève est également contre l'idée de la reporter. 

La grève aura lieu et les citoyens qui sont contre le budget tel que voté et promulgué sont invités à rester chez eux, a indiqué l'ancien sénateur qui met en garde des syndicalistes qui chercheraient à boycotter le mouvement.

L'ancien candidat a la présidence en a profité pour annoncer deux nouvelles manifestations les jeudi 28 et vendredi 29 septembre contre le pouvoir en place qui, dit-il, est en train d'appauvrir davantage les pauvres au profit de ses petits copains riches.

Jean-Charles Moise a minimisé les déclarations faites jeudi par le président Jovenel Moise à la tribune des nations unies concernant notamment son, "soi-disant" combat contre la corruption.

Combien de corrompus ont déjà été arrêtés et déférés devant les tribunaux, s'est interrogé l'ex-parlementaire qui rappelle que l'ancien ministre des affaires sociales Roosevelt Bellevue qui avait servi de bouc-émissaire dans un scandale de surfacturation de kits scolaires, a seulement été mis a pied et remplacé.

Le coordonnateur de l'Union nationale des normaliens haïtiens, Josué Mérilien est lui aussi surpris et indigné de  la décision d'un petit groupe de syndicalistes d'abandonner brusquement le mot-d'ordre de grève initialement lancé pour les 25 et 26 septembre.

Une grève qui, estime-t-il, avait l'adhésion de plusieurs secteurs. Le syndicaliste reconnait que cette décision est susceptible de porter un coup au mouvement mais il rappelle que certains syndicalistes, notamment dans le secteur du transport en commun, ont la mauvaise habitude de lancer des mouvements contre des politiques gouvernementales, pour ensuite aller négocier, sous la table, et faire ensuite machine arrière.

Il dit souhaiter que ce report annoncé du mot-d'ordre de grève durant le week-end, ne soit un nouveau coup de poignard planté dans le dos de la population. Si tel est le cas, ces syndicalistes se retrouveront en face de la population, a prévenu M. Mérilien 

En mai dernier, lorsque l'administration du président Jovenel Moise avait décidé d'augmenter considérablement les prix des produits pétroliers sur le marché, les protestations provoquées par cette décision allaient connaitre un coup d'arrêt, suite à la signature d'un protocole d'accord entre le gouvernement et des syndicats du transport en commun.

Par ce protocole d'accord, le gouvernement avait obtenu l'aval des syndicalistes pour augmenter  les prix de l'essence.

De  leur cotés, les responsables d'organisations syndicales qui étaient en négociations obtenaient la promesse qu'un fonds de garantie d'un milliard de gourdes allait être constitué pour la modernisation du transport en commun notamment en permettant aux propriétaires et chauffeurs de pouvoir renouveler leurs flottes tout en bénéficiant d'une carte d'assurance en cas d'accident. Le transport en commun est-il depuis modernisé?

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