Port-au-Prince, le 17 janvier 2017 - (AHP) - Le président du sénat, Youri Latortue a fait savoir mardi que le dossier de l'implication présumée du président élu Jovenel Moïse dans le blanchiment des avoirs, sera porté ce mercredi par-devant l'assemblée sénatoriale.
Déjà lundi, le sénateur Latortue appelait M. Moise à se débarrasser des mauvais éléments de son entourage, citant notamment des membres de l'ancien régime Tèt Kale qu'il n'a pas cités nommément.
Son annonce de mardi fait suite à une lettre reçue le même jour d'un groupe de 4 sénateurs qui pressent l'assemblée
de faire toute la lumière sur un rapport de l'UCREF, unité centrale de renseignement financier, relative à l'implication présumée du candidat proclamé vainqueur dans une affaire de blanchiment des avoirs.
Les sénateurs Antonio Chéramy (Vérité), Evallière Beauplan (PONT), Nenel Cassy (Fanmi Lavalas) et Ricard Pierre (PITIT Dessalines) soulignent qu'un président de la république se doit d'être au-dessus de tout soupçon.
Selon Evalière Beauplan, il y va de l'intérêt de M. Moise, de faire en sorte que la lumière soit faite autour de la question.
Le parlementaire déplore que, dans l'entourage de M. Moise, il y ait, a-t-il dit, des personnalités indexées pour corruption ou trafic de stupéfiants.
Le sénateur Antonio Chéramy qui affirme pour sa part disposer de documents qui lui permettent de demander des comptes, menace de ne pas participer à la séance du 7 février, si le dossier n'est pas clarifié.
Le sénateur Nenel Cassy questionne, lui, le processus électoral qui a abouti à la proclamation de la victoire de M. Moise.
Il avertit que d'autres initiatives seront prises en fonction de la réponse que le président élu donnera à la démarche des du groupe. En attendant, il invite le juge en charge du dossier à travailler avec célérité.
Le sénateur pro/PHTK, Nahoom Marcellus, assimile la démarche de ses collègues à la volonté de mettre des bâtons dans les roues de M. Moïse et à la poursuite de persécutions politiques, car, a-t-il dit, le président élu n'est pas un corrompu.
S'agissant du rapport de l'Ucref, il parle d'un rapport administratif qui n'accuse personne, faisant savoir que M. Moise sera investi président et sera toujours prêt a collaborer après, avec les institutions qui veulent que la lumière soit faite autour de la question.
Pour sa part, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Danton Léger, invite lui aussi le juge d'instruction chargé du dossier à mettre les bouchées doubles afin de rendre son ordonnance dans le meilleur délai.
Il affirme que lorsque le dossier a été soumis à son appréciation il ne pouvait pas lancer de mandat contre M. Moise car il n'y avait pas de flagrance. Je ne pouvais pas non plus le poursuivre car il bénéficiait d'une immunité comme candidat à la présidence. C'est pourquoi, a-t-il dit, le dossier avait été transféré au cabinet d'instruction.
Le juge instructeur travaille pour le commissaire du gouvernement et dès que son ordonnance sera sur mon bureau, je ferai le suivi dans les minutes qui suivent, a dit le chef du parquet de Port-au-Prince.
Toutefois, de nombreux secteurs doutent de la capacité de ce juge à se prononcer objectivement sur un dossier concernant un candidat proclamé président.
Suivant la conclusion du rapport officiel de l'UCREF, il est possible que Jovenel Moise manipule des fonds qui n’ont rien à voir avec ses entreprises.
L'intéressé a toujours nié toute implication dans un quelconque dossier de blanchiment des avoirs, dénonçant une persécution politique.
A présent, des questions se posent sur l'objecif réel de la démarche des sénateurs: s'agit-il d'une démarche pour faire monter les enchères, ou encore d'une démarche s'inscrivant dans le sens de la lutte contre le fléau du blanchiment de l'argent sale.
Dans ce cas, la communauté internationale n'aurait pas d'autre choix que d'applaudir, étant donné le combat acharné qu'elle mène contre le blanchiment des avoirs.
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