Port-au-Prince, le 5 mai 2016 – (AHP) –Le président de la fédération des travailleurs de santé, Lévy Milot Félix, a dénoncé jeudi une main politique dans le mouvement de grève des médecins résidents qui paralyse depuis plus d’un mois, les hôpitaux publics du pays.
Cette grève a pris une autre tournure mercredi avec le decès d'une femme enceinte qui aurait été privée de soins
M. Félix a cité nommément le sénateur Carl Murat Cantave, président de la commission santé du grand corps et proche de l'ancien regime qu’il accuse d’encourager les grévistes à poursuivre leur mouvement jusqu’au 14 mai en vue notamment de maintenir la pression sur le président provisoire, Jocelerme Privert.
C’est avec les larmes aux yeux que M. Lévy a déploré le décès mercredi, d’une femme enceinte à l’entrée de l’hôpital de l’université d’Etat d’Haïti, faute de soins. Il accuse les grévistes de se laisser manipuler par le sénateur et de se rendre ainsi coupbales de non-assistance à personne en danger
Parallèlement, un communiqué de l’Association médicale haïtienne (AMH) juge judicieuses les revendications des médecins résidents mais exhorte ces derniers à ne pas faire passer les autorités actuelles pour les responsables de la situation qu’ils dénoncent.
Cette grève qui s'est étendue pratiquement à tout le pays, a été declenchée au lendemain de l'entrée en fonction d'un gouvernement provisoire à mandat limité, qui fait de surcroît, face à de graves difficultés financières.
Les médecins résidents rejettent les accusations selon lesquelles il y aurait des mains politiques derrière leur mouvement.
Les docteurs Frantz Guillaume et James Pierre, tous deux résidents à l’hôpital universitaire La Paix ont tenté pour leur part dassurer que leur mouvement n’a rien à voir avec les problèmes politiques qui affectent le pays.
"Nous réclamons entre autres de meilleures conditions de travail et un ajustement salarial pour l’ensemble du personnel sanitaire", a fait savoir Frantz Guillaume.
Le mouvement de grève a été déclenché à l’hôpital général, le plus grand centre hospitalier public du pays, après une prise de gueule entre un médecin résident et l’administrateur de l’HUEH, qui s’était terminée en échange de gifles.
Ce n’est pas la première fois que les hôpitaux publics sont en grève mais à chaque fois, ce sont les patients qui en paient le plus lourd tribut, à l’instar de la jeune femme décédée mercredi,sous les yeux, dit-on, de plusieurs grevistes.
Mercredi, l’un des membres de la cellule de crise formée par le ministère de la Santé, le Dr Brunel Délaunay a déploré le comportement jugé inconciliant et intransigeant des médecins grévistes qui ont rejeté, a-t-il dit, toutes les propositions qui leur ont été faites.
Beaucoup craignent que cette grève, en raison de son caractère sauvage et du momentum, ne se retournent contre ceux qui l'ont lancé, malgré la justesse des revendications.
Si le Ministère de la Santé et les grévistes n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente, c'est la population des patients qui sera la première victime. Quant aux grévistes, ils risquent de perdre une année de formation.
Des 3000 à 7000 misérables gourdes qu'ils percevraient, les grévistes passent à une autre extremité: 80, 000 gourdes pour un résident hospitalier et 120, 000 gourdes pour un médecin généraliste, et plus de 150,000 pour un médecin en spécialisation.
Ce jeudi, un nouvel administrateur a été installé à l’hôpital général. Il s’agit de Fednel St-Vil qui remplace Duplessy Lambert.
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