vendredi 2 mars 2018

Les autorités haïtiennes tentent de justifier l’arrêté faisant injonction aux entreprises de libeller en gourdes toutes les transactions effectuées dans le pays, par la volonté de protéger les intérêts de la population: le forum économique fait part de son étonnement mais dit prendre note de la promesse que cet arrêté devra faire l’objet de circulaires d’application devant spécifier les modalités



Port-au-Prince, le 2 mars 2018 - (AHP) - Les autorités haïtiennes ont fait le point ce vendredi sur la décision adoptée deux jours plus tôt en conseil des ministres, suivie d’un arrêté faisant injonction aux entreprises opérant sur le territoire, de libeller en gourdes, (la monnaie locale), toutes les transactions effectuées dans le pays.

Pour le premier ministre Jack Guy Lafontant, il s’agit d’une mesure responsable et réfléchie qui vise a protéger les consommateurs et diminuer les pressions exercées sur la gourde. Cette dernière ne cesse de perdre de sa valeur par rapport au dollar US qui s’échange depuis un certains temps à environ 66 gourdes.

La monnaie locale est la gourde et la plupart des citoyens qui travaillent dans le pays perçoivent leur salaire en gourdes, a justifié le Dr Lafontant qui juge anormal que les restaurants, les concessionnaires de véhicules, les propriétaires de maison pour ne citer que ceux-la, exigent que leurs factures soient réglées en devise américaine.

Il faut que cela cesse, a lancé le chef du gouvernement.

Pour sa part, le ministre du commerce et de l’industrie, Pierre Marie Du Menu, a annoncé que des brigadiers seront déployés sur le terrain en vue de s’assurer de l’application de cette mesure qui a, a-t-il dit, la vocation de protéger les intérêts de la population.

Il faut que cette mesure soit appliquée sur toute l’étendue du territoire et dans son intégralité, a souligné Dr Du Menu.

Son collègue de l’économie et des finances, Jude Alix Patrick Salomon a lui aussi estimé qu’il est anormal que les transactions effectuées sur le territoire soient facturées en dollar américain alors que la monnaie en cours dans le pays n’est autre que la gourde.

Toutefois, il a garanti que les citoyens peuvent toujours solliciter la devise américaine en cas de besoin notamment lors de voyages à l’étranger. Ce qui est sur, a-t-il dit, c’est que dorénavant, il est interdit de faire des transactions en monnaie étrangère sur le territoire haïtien.

Pour sa part, le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois a rassuré que la mesure interdisant aux entreprises de facturer leurs transactions en devise américaine ne signifie pas que les citoyens ne pourront pas disposer de comptes bancaires libellés en dollar.

S’agissant des transferts reçus de l’étranger, M. Dubois a souligné que les maisons de transfert doivent remettre l’argent aux bénéficiaires dans la monnaie du transfert.

Ce n’est pas la première fois que les autorités haïtiennes prennent des mesures similaires qui ne sont jamais appliquées ou qui ne le sont que pendant quelques mois..

Dans le cas présent, il s’agirait uniquement, pour beaucoup de gens, de freiner la depréciation de la gourde qui ne cesse degringoler, malgré l’injection de millions de dollars par la Banque centrale.

Quand est-ce que les mesures adoptées pour contenir la flambée  des prix dans les supermarchés et ailleurs ont-elles été appliquées, de même que celles prises pour empêcher la vente des produts avariés.

Il y a justement quelques années, le Ministère du commerce avait interdit que les transactions s’effectuent en monnaie étrangère mais cette mesure n’avait pas été suivie d’effet, trop d’intérêts étant en jeu.

Le forum économique du secteur privé informe avoir appris avec étonnement la décision des autorités haïtiennes d’obliger que les transactions soient dorénavant libellées en monnaie locale.

L’organisation patronale dit prendre note que lors de la conférence de presse de ce vendredi, il a été annoncé que cet arrêté devra faire l’objet de circulaires d’application qui doivent spécifier les modalités de sa mise en oeuvre.

Aussi, le forum économique du secteur privé demande-t-il aux instances concernées de publier un communiqué officiel pour entre autres, préciser que l’arrêté n’entrera pas en application sans la publication de ces circulaires dont le contenu doit tenir compte des spécificités propres à chaque secteur et branche d’activité.

Et dans le cadre de l’élaboration de ces circulaires, le forum économique sollicite l’organisation de consultations avec les associations concernées du secteur privé.

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