Port-au-Prince, le 12 novembre 2017 - (AHP) - Les réactions se multiplient après les déclarations du président Jovenel Moise, annonçant la remobilisation officielle des anciennes forces armées d'Haiti, le samedi 18 novembre prochain.
Le chef de l'Etat avait fait cette annonce jeudi, lors de l'inauguration d'un centre de réception et de livraison de documents d'identification CRLDI, dans la ville d'Aquin. Cela, dit-il, fait partie de ses promesses de campagne. Je ferai tout ce que j'ai promis, a dit le chef de l'Etat.
Pour l'ancien colonel Himmler Rébu, la remobilisation des forces armées devrait faire l'objet d'une entente nationale. Il dit espérer que le président Moise a bien mesuré sa décision et qu'il est prêt a en assumer les conséquences.
L'avocat et militant politique André Michel se prononce contre la remobilisation de l'armée dans le contexte actuel. D'ailleurs, a-t-il dit, Jovenel Moise n'a aucune autorité morale pour engager la nation, rappelant que le chef de l'Etat est inculpé pour détournement de fonds et que son dossier est, (depuis plus d'un an NDLR) au cabinet d'instruction.
Il plaide en faveur de la poursuite de la mobilisation notamment à travers les manifestations qui seront organisées ce mardi 14 novembre contre la corruption et le samedi 18 novembre dans le cadre d'une grande journée nationale de mobilisation.
Nous voulons, poursuit-il, d'un pouvoir qui puisse défendre les intérêts du pays mais pas celui ayant a sa tête Jovenel Moise qui ne fait que défendre une minorité qui possède la plupart des richesses du pays.
Pour sa part, l'un des porte-parole de la plateforme PITIT Dessalines de l'opposition, Rony Timothée, assimile à de la provocation, l'annonce du président Moise qui s'inscrit, dit-il, dans un contexte marqué par l'assassinat de plusieurs policiers.
Le militant politique a également rappelé qu'en septembre dernier, les agents de la PNH ont été impuissants face aux individus armés en treillis qui étaient venus accueillir le président Moise qui revenait de New-York ou il avait participé a l'assemblée générale de l'ONU.
Nous n'avons pas les moyens économiques pour faire fonctionner une armée en bonne et due forme et la communauté internationale a clairement dit qu'elle n'entend pas appuyer les autorités haïtiennes dans leurs démarches de remobiliser l'armée d'Haiti, a encore rappelé M. Timothée.
Il invite lui aussi la population a participer activement aux deux manifestations annoncées pour les mardi 14 et samedi 18 novembre prochain.
Le coordonateur du groupe d'appui et de recherche en droits humains GARDH, Me Gédéon Jean, estime qu'au lieu de mettre sur pied une force armée professionnelle au service de la société, le chef de l'Etat est plutôt en train de constituer une milice, une force paramilitaire.
Le militant des droits humains a lui aussi indiqué que l'annonce du président Moise de remobiliser la défunte armée intervient après plusieurs tentatives de vassalisation de la police nationale.
Si des spécialistes et experts en sécurité publique désapprouvent la façon dont le chef de l'état compterait procéder pour remobiliser l'armée, notamment bien avant de constituer son état-major, cette idée du président Moise fait son chemin dans les rangs de ses supporter notamment au parlement.
C'est le cas, par exemple, du député de Moron-Chambellan, dans la grand-Anse, Jean Guerrier Benoit qui estime que le pays a grand besoin de son armée pour entre autres, surveiller les frontières terrestres, évoquant les récentes intrusions de militaires dominicains sur le sol national.
Le parlementaire admet également que nous n'allons pas mettre sur pied une armée pour faire la guerre avec la république voisine. S'agissant de la provenance des moyens pour faire fonctionner "notre armée", le parlementaire pense qu'il faut renforcer la lutte contre la contrebande à la frontière.
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