vendredi 16 février 2018

Les victimes de l’incendie du Marché Hyppolite toujours pas prises en charge : les éventuelles difficultés dans le recensement des victimes mises en avant, alors que de nombreux secteurs disent craindre que le gouvernement ait encore fait des promesses fallacieuses






Port-au-Prince, le 16 février 2018 - (AHP)-  Trois jours après le violent incendie qui a ravagé une bonne partie du Marché  Hyppolite, communément appelé Marché en Fer au Centre-Ville de Port-au-Prince, les autorités peinent à recenser les victimes alors que le président Jovenel Moise avait annoncé que ces dernières devraient commencer “dans l’immédiat” à recevoir une assistance.

Ce n’est pas demain mais aujourd’hui, avait lancé mardi le chef de l’Etat lors d’une visite sur les ruines fumantes du marché.

Alors que ce gouvernement, est déjà réputé pour la non-tenue de ses promesses, le recensement des victimes qui ressemble beaucoup à un véritable casse-tête chinois, vient encore  en rajouter au scepticisme des commerçants.

Deux des ministres concernés par la question: Stéphanie Auguste des affaires sociales et du travail et son homologue à la condition féminine et aux droits des femmes,  Eunide Innocent, conferment les difficultés renconrées.

Membre de la commission interministérielle mise en place par le président Jovenel Moise pour faire le suivi dans la perspective du dédommagement des victimes, Madame Innocent affirme avoir tenté en vain d’entrer en contact avec la principale responsable du marché, la prénommée Maritza.

Depuis le sinistre, elle n’est pas joignable, a indiqué Eunide Innocent jeudi après-midi. Elle a par ailleurs fait état de la complexité du travail de recensement des victimes.

Il y a des commerçants qui s’étaient vu attribuer des places, lors de la reconstruction du marché en 2011 après le tremblement de terre mais pour une raison ou pour une autre, certains d’entre eux avaient décidé de vendre, louer ou même sous-louer leurs espaces.

De plus, fait-elle remarquer, certain commerçants n’avaient pas de comptoir, ni d’entrepôt au marché, ils exposaient durant la journée leurs produits à l’extérieur du marché et  les empilaient à l’intérieur de l’édifice la nuit. Ce sont aussi des victims, a reconnu Eunide Innocent.

Sa collègue Stephanie Auguste des affaires sociales, a elle aussi fait savoir que, depuis une première prise de contact avec la directrice du marché, cette dernière était injoignable tout au long de la journée de jeudi. Elle affirme attendre cette liste pour lancer le processus, dit rapide, d’assistance aux victimes de l’incendie, tel que le président Jovenel Moise a afdirmé le vouloir.

A en croire Dr Auguste, si les commerçants victimes n’ont pas encore reçu l’assistance de l’administration centrale, la faute en incombe, selon elle, à la directrice du marché, soulignant que plusieurs institutions placées sous la tutelle du MAST dont la caisse d’assistance sociale, l’ONA et l’OFATMA sont prêtes a donner vie à la promesse d’accompagnement rapide du président Moise. Tout ce qui manque, c’est la liste, s’est elle plainte.

Mais interrogé autour de la question, le maire de Port-au-Prince, donc employeur de la dame de qui on attendrait cette fameuse liste, a laissé comprendre que c’est a la Digicel, qui avait reconstruit le marché d’identifier les commerçants.

L’édile de la capitale a par ailleurs reconnu la faiblesse de certaines institutions notamment le service des sapeur-pompiers de Port-au-Prince, pratiquement sous-équipé et qui n’avait pu intervenir à temps pour circonscrire le feu et limiter les dégâts.

On a dû faire appel aux soldats de feu d’autres communes, a admis Youri Chevry qui affirme travailler a la mise sur pied d’un service de sapeur-pompiers au sein de la municipalité.

Inauguré en 1891 sous la présidence de Florvil Hyppolite, le marché en fer qui porte aussi le nom de l’ex-chef d’Etat a été détruit ou incendié à plusieurs reprises.

Element du patrimoine de la commune de Port-au-Prince, mais partiellement détruit lors du tremblement de terre de janvier 2010, le marché a été reconstruit à l’identique un an plus tard grâce a une contribution de 18 millions de dollars US de la Digicel.

Le président de cette compagnie de téléphonie mobile en Haiti, Marteen Boute, a indiqué que le marché en fer n’était pas couvert par une police d’assurance, en dépit des démarches initiées en ce sens.

Il informe que les assureurs refusaient d’entrer dans cette dynamique, en raison de l’état d’insalubrité de l’environnement immédiat du marché et de l’historique des marchés en Haiti souvent victimes d’incendie.

Sachez que selon les premiers éléments d’information jusqu’ici recueillis dans le cadre de l’enquête en cours, l’incendie du marché en fer serait d’origine criminelle.

Le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Ronsard Saint-Cyr a promis que les autorités judiciaires et policières feront le nécessaire pour remonter aux éventuels auteurs, co-auteurs et complices d’un tel acte.

Mais, selon d’autres sources, les autorités chercheraient à tirer des dividendes politiques  de ce désastre qui serait la conséquence des tonnes de fatras disséminés un peu partout dans la ville. Des personnes interviewées affirment même avoir appelé des responsables concernés pour leur faire part du danger representé par le feu mis dans des piles de fatras à proximité du marché la nuit du 12 au 13 février.  Mais que ces  derniers semblaient ne pas trop s’en préoccuper.

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