Port-au-Prince,
10 mai 2018- (AHP)- Le Ministère de la Justice et de la sécurité publique
(MJSP) a fait savoir mercredi qu’il a instruit les commissaires du gouvernement près
les tribunaux de première instance du pays, de rechercher les auteurs et les
complices de faits délictueux.
Le
MJSP taxe, du coup, de complices de bandits, des journalistes et des medias qu’il
accuse de tendre le micro à des bandits notoires.
En
effet, dans une lettre portant la signature
du nouveau ministre de la Justice et de la sécurité publique, Jean Roudy Aly, qui
circule sur les réseaux sociaux, le Ministère de la justice a fait savoir que « la
plupart des médias et journalistes s’amusent quasi quotidiennement à recevoir
dans les émissions à libre tribune, des bandits notoires, activement recherchés
par la police ».
« Qui pis est, ces bandits qui avouent
leurs forfaits, tout en terrorisant la population, prennent le malin plaisir de
proférer des menaces par voie de presse aux forces de l’ordre », indique
le ministre qui croit que « ce faisant ces professionnels de la presse se
font consciemment ou insconciemment complices des bandits qui sèment le deuil
au sein des familles haïtiennes.
Après
avoir informé avoir demandé aux chefs de parquets de sévir contre les bandits
et leurs complices , à savoir les medas et les journalistes, le MJSP sollicite
la collaboration de tous les journalistes, en évitant, dit-il, de tendre leurs
micros à ces individus qui ne cessent de menacer la stabilité même de l’Etat.
Jusqu’à
jeudi en fin de journée, les principales associations de directeurs de médias
et de journalistes n’avaient pas reçu la lettre que le Ministère de la Justice
affirme leur avoir envoyée.
Cette
sortie du ministère de la Justice a provoqué une salve de réactions, dans un
contexte lourd, marqué par la disparition
depuis près de deux mois, du photo-journaliste Vladjimir Legagneur.
Le
président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), Frantz Duval dit espérer qu’il ne s’agit
que d’un excès de language de la part du
ministre de la Justice.
Il
affirme que l’ANMH n’a appris la position du ministre que par voie de presse et
qu’il attend de recevoir officiellement la lettre du ministre pour que son association
ait une position officielle.
L’association
des médias indépendants d’Haïti (AMIH) promet aussi une réaction officielle.
Toutefois, son président Georges Venel Remarais, fait savoir que l’AMIH ne
saurait en aucun cas appuyer un media ou
un journaliste qui se ferait clairement complice
de bandits notoires et clairement identifiés comme tels.
Il estime cependant que le nouveau ministre de la
justice est allé vite en besogne, en faisant des amalgames dans sa lettre :
Il demande la collaboration des médias et des journalistes, pendant qu’il instruit
les commissaires de les poursuivre, sans exposer ses preuves.
Il
incrimine « la plupart des médias dans ses dénonciations, pendant qu’il affirme que c’est
dans les émissions libre tribune que les journalistes donneraient
quasi-quotidiennement la parole aux « bandits »
Alors
qu’il n’y a qu’une infime partie des médiqas qui a une émission de ce genre.
M.
Remarais appelle le Ministère de la Justice à être direct et à dire clairement
son objectif, tout en promettant la collaboration de son organisation dans tout
ce qui concerne le respect de la liberté de la presse et d’information et aussi
de la déontologie du métier de journaliste.
L’ancien ministre de la communication, Ady Jean Gardy dénonce cette position
du ministère de la justice et soutient que les journalistes ne font que leur
travail en permettant à la population et aux autorités de prendre connaissance
des aveux publics des personnes concernées.
Le président de
la fédération de la presse haitienne se dit préoccupé par cette réaction du MJSP qu’il assimile à une sérieuse menace contre la liberté de la presse chèrement
acquise.
Il invite toutefois
les journalistes à éviter tout risque de complaisance vis-à-vis d’eventuels bandits et à toujours prendre leurs distance des
actes répréhensibles.
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