Port-au-Prince,
le 14 novembre 2018
Monsieur
Jovenel MOISE
Président
de la République d’Haïti
Palais
National.-
Monsieur
Le Président,
Dans
un pays où la loi est d’application stricte et il existe un système électoral
fiable, vous ne
seriez
pas au timon des affaires de l’Etat. La faiblesse des Institutions étatiques,
un Conseil
Electoral
au service de l’oligarchie et du pouvoir exécutif, un Parlement majoritairement
acquis
au
Parti politique TÈT KALE vous ont permis de devenir Président de la République
d’Haïti, le
7
février 2017.
Au
lieu de poser des actions constructives pour agrandir la petite porte par
laquelle vous êtes
arrivé
au Palais National, vous vous êtes lancé de préférence dans une vaste
entreprise de
corruption
(Caravane de changement, gaspillage des fonds publics, nomination de juges
corrompus,
distribution d’argent à longueur de journée à des Députés et Sénateurs de votre
majorité),
obstruction à l’enquête sur l’utilisation du Fonds Petro-Caribe, révocation
illégale du
Directeur
Général de l’UCREF et celle de l’ULCC suivie de la nomination de son remplaçant
par
Monsieur Bazile, un ancien Ministre de l’Intérieur sans décharge et qui n’a
jamais, à date,
fait
sa déclaration de patrimoine.
Cette
situation a accéléré le processus de dégradation du pays au point de vue
politique,
économique
et social et l’a conduit au sommet des pays pratiquant la mauvaise gouvernance.
La
note
de la Banque de la République d’Haïti(BRH) pour le mois d’octobre 2018,
confirmant un
déficit
budgétaire de plus de 20 milliards de gourdes et une inflation en hausse, la
déclaration du
Ministre
de l’Economie et des Finances, Monsieur Ronald DECEMBRE, le jeudi 25 octobre
2018
confirmant que la situation économique et financière du pays est calamiteuse,
consacrent
l’échec
de votre administration, Monsieur le Président.
La
tendance accélérée du taux de change, conséquence de l’arrêté présidentiel du
1er mars
2018
publié dans le journal officiel de la République d’Haïti, au Moniteur # 38,
faisant de la
Gourde
l’unique monnaie à utiliser pour les transactions commerciales dans le pays,
pousse
les
agents économiques à conserver leur épargne en devises étrangères. Ainsi la
décision de
dédolariser
les transactions commerciales, loin d’atténuer la montée vertigineuse du taux
de
change,
a contribué à compliquer le quotidien du peuple haïtien, particulièrement les
plus
démunis.
Force
est de constater que l’économie nationale est en berne et tous les indicateurs
sont au rouge.
Votre
présidence et vos deux gouvernements qui se sont succédé (MOISE/LAFONTANT et
MOISE/CEANT),
ont fait des choix économiques hasardeux qui se révèlent suicidaires pour la
République.
En fait, vous vous êtes allié à des affairistes, faisant de la politique par
transhumance,
qui, fort de leurs trafics d’influence, s’invitent dans tous les dossiers
juteux qu’ils
monnaient
au gré des retro-commissions sur fond de détournement de l’argent public, sans
oublier
leurs participations à tous les capitaux actifs des différentes sociétés
juteuses.
Monsieur
le Président, la gestion calamiteuse de votre administration conduisant au
désastre de
l’économie
haïtienne, vos stratagèmes et ceux du Premier Ministre Jean Henry CEANT pour
embourber
le procès Petro-Caribe, aggravent la méfiance existant entre vous et les agents
économiques
du pays.
Il
convient de signaler que, même dans l’immédiat, des décisions économiques sont
incapables
de
ralentir la descente aux enfers de notre économie, dans l’ambiance de
contestation générale
que
vit la nation haïtienne. La seule action raisonnable et rationnelle qui peut
stopper cette crise
multidimensionnelle,
est la reprise immédiate de confiance des agents économiques et de la
population
en général dans les autorités monétaires et politiques, ce qui est
fondamentalement
impossible
avec votre administration et le gouvernement CEANT.
Opprimés
par les colons, les esclaves furent révoltés pour obtenir leur indépendance,
suite à la
bataille
de Vertières, le 18 novembre 1803. Opprimé par la dictature duvaliériste, le
peuple
haïtien
révolta et continue de lutter pour implanter dans le pays la démocratie réelle.
Opprimée
par
le système de corruption, la population haïtienne est entrain de perdre
patience et a entamé
un
processus de révolte. Moins de Six Cent Mille électeurs vous ont voté dans des
conditions que
l’on
sait. Le 17 octobre 2018 plus de Deux Millions de citoyens et citoyennes
viennent de gagner
les
rues pour réclamer, d’une part, un procès juste et impartial contre ceux qui
ont dilapidé le
fonds
Petro-Caribe et de l’autre, votre démission.
En
conséquence, plus d’un croient, Monsieur le Président, que le Premier Ministre
Jean Henry
CEANT
et vous, sont dans l’obligation de démissionner pour permettre aux forces vives
de la
nation
Haïtienne de repenser l'Etat républicain sur la base des idéaux de
justice, d'égalité, de
dignité,
d'inclusion et du bien-être collectif. Cela implique de fait la
dissolution du Parlement.
La
démarche desdits Députés ne vise que le chambardement de ce système pourri,
inhumain
s'installant
dans le pays depuis des siècles. Rappelez-vous que la durée de l’oppresseur se
mesure
par
la patience de l’opprimé.
Recevez,
Monsieur le Président, les salutations patriotiques des Députés signataires.
Député
Joseph Manès LOUIS
Commune
de Cabaret
Député
Jean Robert BOSSE
Commune
d’Aquin
Député
Roger MILLIEN
Première
Circonscription de la Commune de Port-au-Prince
Député
Reynald EXANTUS
Commune
de L’Estère
Député
Bertrand SINAL
Commune
de Port-salut
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