Port-au-Prince,
19 février 2018- (AHP).- Le scandale des abus sexuels commis en Haïti
par des employés d’OXFAM après le tremblement de terre de janvier 2010, jette
la panique au sein de plusieurs ONG, après que de nombreuses voix eurent appelé à la suspension du financement de l'ONG
britanique , qui a reçu cette année 35,7 millions d'euros du gouvernement
anglais, soit 8% de ses ressources annuelles.
Pas seulement
Oxfam mais ausi Médecins Sans Frontières et d'autres groupes cherchent à diminuer
l'impact des cas graves d’abus après avoir les avoir reconnus, selon ds informations receuilles par
l’agence Reuters.
Le manuel
d'éthique des Nations Unies décrit ces événements comme "un échec
catastrophique". Autrement dit, l'échec dévastateur d'une action qui
provoque l'effet contraire à celui recherché.
Dans ce cas, il
est question d’une attaque contre ceux
que l'on devrait protéger. Depuis une semaine, le scandale d’abus sexuel et
de corruption qui secoue l'ONG Oxfam, un géant de l'aide humanitaire
britannique, répond non seulement à cette definition, mais il
éclaire aussi les zones d’ombres d'une activité louable et respectée.
Pour la plupart
des gens, un travailleur humanitaire est quelqu'un qui s'occupe avec énergie et désintéressement de personnes
qui ont besoin d'aide d'urgence pendant ou après une crise.
Cette image
altruiste pourrait pourtant n’être qu’un mythe. Pour la simple raison que
quiconque est capable d'aider, a aussi un pouvoir sur les autres. Et
beaucoup en profitent souvent.
Le scandale, dont
l'onde de choc ne cesse de s'étendre, a débuté la semaine dernière, lorsque la
presse britannique a rapporté qu'Oxfam avait organisé des orgies avec des
prostituées dans leurs locaux et residences, après le tremblement de terre en
Haïti, qui a fait plus de 220 000 morts et laissé sans abri 1.5
million de personnes en 2010.
Des employés
d'Oxfam auraient fait de même au Tchad en 2006 et auraient violé des femmes au
Soudan du Sud.
En plein
scandale, après une cascade de critiques et de mise à l’index de personnalités
prestigieuses, face au risque de perdre leurs sources de financement
officielles et privées, Oxfam a fait cette semaine son mea culpa, pour lâcher
Penny Laurence, directrice générale adjointe.
Mais cette ONG
n'est pas un cas isolé. Pour les employés et les chercheurs du secteur
humanitaire, l'incident en Haïti n'était que la goutte d'eau. Pendant des
décennies, soulignent-ils, des employés d'ONG auraient exploité des personnes
qu'ils étaient censés aider.
Les abus sexuels
dans le secteur humanitaire couvrent une variété de victimes, de comportements
et d'organisations. Parfois, ce sont des employés qui agressent sexuellement
leurs collègues, alors que le cas d'Oxfam démontre un autre type de problème:
les ONG ou les travailleurs de l'ONU qui exploitent sexuellement ceux qu’ils
devraient aider.
Les modes
d'exploitation vont du harcèlement au sexe, en passant par l'échange d'aide
pour le sexe, et le viol, selon un document des Nations Unies de 2016.
Les employés
humanitaires savent cependant que le recours à la prostitution est un motif de
licenciement. Le Comité interinstitutions, dont les membres comprennent l'ONU,
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale, est précis
dans ses textes: "Presque partout, la plupart des femmes qui se
prostituent, en ont été contraintes[.. .] Le sexe forcé est l'un des seuls
moyens à leur disposition pour obtenir l'argent nécessaire à leurs besoins de
base », note-t-il.
Le problème est
que les coupables d’abus sexuels sont
conscients qu'ils ne risquent pas trop.
L'ONG Médecins
Sans Frontières (MSF) a déclaré que l'année dernière, elle avait 24 cas internes
d'abus sexuels. L'International Rescue Committee (IRC) admet qu'il y a eu trois
cas de même nature, lors de ses opérations en République démocratique du Congo.
"Le problème
est également vérifié aux Nations unies et dans d'autres ONG", confirme
l'avocate Megan Nobert, fondatrice de l'association Report the Abuse, qui a
dénombré les délits sexuels commis par des humanitaires entre 2015 et 2017.
Depuis 2002,
plusieurs enquêtes d'organisations de protection de l'enfance ont montré des
violations graves. L'une d'entre elles, de l'ONG Save the Children en Haïti, au
Soudan et en Côte d'Ivoire, a constaté que les employés de plusieurs
organisations humanitaires obligeaient les filles à «entretenir des relations
lesbiennes» et les filmaient en échange de rations alimentaires ou d'argent.
Dans d’autres
cas, ce sont des membres de missions de paix de l'ONU qui sont incriminé. En
2014, un rapport de cette organisation a dénoncé que des soldats stationnés en
République centrafricaine, en particulier, le contingent français, agressaient
sexuellement des garçons - certains âgés de 8 ans - en échange de nourriture ou
d'argent.
"Les soldats
de ces missions utilisent même un nom pour nommer ces gars-là: les bébés de
gardiens de la paix," a dit Donovan.
Pour Paula
Donovan, , il est peut-être temps d'obtenir un solide engagement en faveur de
la tolérance zéro dans la communauté humanitaire.
Conscientes de
cette réalité, la plupart des ONG se dotent de codes éthiques interdisant
explicitement l'exploitation sexuelle et surveillent attentivement les CV de
leurs candidats. Alors, pourquoi n'y a-t-il aucun moyen d'éradiquer ces
comportements?
"Nous avons
des règlements, des politiques précises et des procédures pour y
parvenir", déclare Judith Greenwood, directrice de CHS Alliance, une ONG
basée à Genève. "Ce qui manque, c'est le contrôle pour les
appliquer", dit-elle.
Selon toutes les
études réalisées, les crimes sexuels commis par des employés humanitaires n'ont
généralement pas de conséquences graves pour les auteurs. Dans un rapport de
2015 sur les crimes sexuels commis par des soldats dans des missions de
maintien de la paix, l'ONU a reconnu «un grave échec institutionnel pour
répondre de manière significative».
Au milieu du
scandale d'Oxfam, plusieurs voix appellent à la suspension du financement de
l'ONG, qui a reçu cette année 35,7 millions d'euros du gouvernement
britannique, soit 8% de ses ressources annuelles.
Mais même le plus
critique, comme Megan Nobert, victime lui-même d'une violation dans le cadre de
son activité humanitaire par un fournisseur de l'ONU au Soudan du Sud en 2015,
défend le travail de ces organisations.
"Ce serait
une grave erreur", prévient-il. "Tous les travailleurs humanitaires
ne commettent pas d'actes d'abus sexuel, la grande majorité travaille dur et
honnêtement sur le terrain pour réduire la pauvreté et aider les gens."
La plus grande
ONG de secours medical MSF, a reconnu que l'année dernière il y a eu 24 cas
internes d'abus sexuels, qui ont conduit au licenciement de 19 employés; les
cas se sont produits dans plusieurs projets développés dans différents pays.
L'ONG fondée en
1933 à l'initiative d'Albert Einstein, qui aide les personnes persécutées pour
des raisons raciales, politiques ou religieuses, a reconnu cette semaine que
des employés de son organisation avaient commis trois cas d'abus sexuels en République
démocratique du Congo. Au total, ils ont reçu 37 plaintes pour fraude, abus et
corruption dans ce pays.
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