mardi 24 octobre 2017

articleL’opposition haïtienne brave les interdits du pouvoir et réunit des dizaines de milliers de personnes pour manifester de Petion-Ville jusque devant le parlement en réclamant le départ du chef de L’´Etat, malgré des attaques armées



Port-au-Prince, le 24 octobre 2017 - (AHP) - L'opposition démocratique a bravé ce mardi les "interdits" du gouvernement et de la police nationale en organisant une nouvelle manifestation dans la capitale haïtienne avec, à la clé, des dizaines de milliers de personnes sur le macadam.

Il faut dire que moins de 24 heures avant le début de la manifestation, les autorités policières ainsi que des membres influents du conseil supérieur de la police nationale dont le ministre de l'intérieur Max Roudolph Saint-Albin, avaient tenté, en vain, de semer la confusion en laissant entendre que la manifestation n'aurait pas lieu car les forces de l'ordre n'auraient pas été "notifiées", selon lui, suivant les règles de l'art.

Ils ont fait savoir que la notification n'a été faite que par voie de huissier, ce qui, ont-ils dit, est contraire au principe qui veut que les organisateurs d'une manifestation sur la voie publique discutent de son parcours avec les forces de l'ordre.

Faux, ont rétorqué des leaders de l'opposition qui conviaient la population, mécontente du budget 2017-2018 et plus globalement de la gestion de l'équipe au pouvoir, a participer en masse à la manifestation de ce mardi.

Un appel qui a été suivi, car, la foule commençait tôt à se rassembler    à Pétion-Ville, pour manifester contre la très décriée loi des finances. Au début de la manifestation, des incidents ont été enregistrés non loin de l'Eglise Saint-Jean Bosco de PV ou la foule se rassemblait.

Des individus armés ont fait feu en direction des manifestants et brutalisé certains d'entre eux. Des manifestants affirment avoir vu ces "bandits sortir d’ un véhicule, immatriculé SE01824.

Une plaque d'immatriculation affectée, selon eux à la Loterie de l'Etat Haïtien (LEH), une institution étatique dirigée par la soeur du maire Jean Gabriel Fortuné, Marie Margareth Fortuné, qui a formellement démenti ces accusations.

Elle a rejeté toute accusation d’implication de son institution dans les incidents de ce mardi, annonçant l'ouverture d'une enquête administrative.

Dans une note de presse la LEH fait savoir qu’une video circulant sur les reseaux sociaux montre clairement que c’est une pick-up Chevrolet Colorado et une Prado de couleur blanche qui seraient impliquées dans ces actes. La LEH n’a pas de véhicules de ces marques. Il s’agit de manoeuvres visant à destabliser l’Institution, indique encore la note, ajoutant que “ Margareth Fortuné militante politique reste attachée aux principes constitutionnels qui garantissent la liberté de manifestation sans violence pour exprimer ses deesaccords et ses désaccords avec les mesures prises par les autorités de l’Etat.

Hormis cet incident, et le fait par la police d'avoir dispersé la manifestation a coups de gaz lacrymogène, non loin du parlement, le mouvement s'est déroulé globalement dans une ambiance bon enfant.

Durant tout le parcours, les manifestants scandaient des propos hostiles au président Jovenel Moise dont le départ est réclamé avec de plus en plus de vigueur.

Pétion-Ville n'est ni Paris, ni New-York et nous n'avons pas besoin de visa pour nous y rendre, ont indiqué les manifestants, tout heureux d'avoir "relevé le défi de Pétion-Ville". Il faut dire que les protestataires avaient a maintes reprises échoué dans leurs tentatives d'atteindre cette commune ou réside le chef de l'Etat.

Lors de la dernière manifestation le 17 octobre dernier, c'est la police nationale qui avait dispersé la manifestation qui mettait le cap sur la commune que dirige Dominique Saint-Roc.

“Si Jovenel Moise a du respect pour sa femme et ses enfants, il doit démissionner”, ont lancé certains manifestants.

Les astuces du pouvoir ont échoué, ont-ils poursuivi, dénonçant également la position partisane et "militantiste" du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince pour avoir qualifié les leaders de l'opposition de "délinquants politiques". 

Le délinquant n'est autre que le chef du parquet, affirment les manifestants évoquant son implication "présumée" dans des vols de corps du délit, dont une arme a feu et de l'argent cash saisi lors d'une perquisition chez un présumé narco-trafiquant.

Petyonvil révolte, Jovenel  dwe ale (Pétion-Ville se révolte, Jovenel (Moise) doit partir, chantaient en choeur les manifestants.

L'un des leaders de l'opposition, l'ancien sénateur Jean-Charles Moise affirme que le chef de l'Etat a pris une belle gifle car la population ne l’a pas écouté alors qu'il avait déployé l'artillerie lourde pour perturber le mouvement de l'opposition et la manifestation de ce mardi.

Nous avions levé un défi ce mardi en nous rendant a Petion-Ville et aujourd'hui, Jovenel Moise a perdu toute légitimité, soutient l'ancien candidat à la présidence.

Pour sa part, l'ancien sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé a réaffirmé la volonté de l'opposition de renforcer la protestation antigouvernementale, estimant que le président Moise ne travaille que dans l'intérêt d'une frange de la bourgeoisie haïtienne qui avait financé sa campagne électorale.

Le Dr Schiler A. Louidor, dirigeant influent de Fanmi Lavalas a abondé dans le même sens. Le peuple haïtien a démontré sa volonté de ne plus vivre sous le joug de Jovenel Moise et ses acolytes, a dit le Dr Louidor qui invite celui qu'il appelle "le président inculpé" a tirer sa révérence.

Député de Fanmi Lavalas qui participe régulièrement aux manifestations de l'Opposition, Printemps Belizaire s'est, lui, adressé au ministre de l'intérieur Max Roudolph Saint-Albin qui s'est "trompé de période", a-t-il dit.

Nous ne sommes plus à l'époque de la dictature ou le peuple n'avait pas le droit de manifester, a rappeleé le parlementaire qui se félicite que malgré les intimidations de toutes sortes, la manifestation de ce mardi a eu lieu et a été un grand succès populaire.

Le president de Banque interaméricaine de developpement, Luis A. Moreno, a également eu pour son grade. Le chef de la BID avait recemment apelé l’opposition à se rallier à la caravane du president Jovenel Moise. Des manifestants l’ont accusé d’avoir reçu des pots-de-vin, pour prendre parti en faveur du chef de l'Etat ,en interférant, ont-ils dit, de manière indécente  dans les affaires internes d’Haïti.

Pour plusieurs secteurs, la stratégie du gouvernement qui a consisté à interdire la manifestation de ce mardi, traduit la panique qui existerait dans le camp présidentiel.

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